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Sweet Box
15 novembre 2011

Requiem for a Dream

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L'histoire : Harry Goldfarb est un junkie. Il passe ses journées en compagnie de sa petite amie Marianne et son copain Tyrone. Ensemble, ils s'inventent un paradis artificiel. En quête d'une vie meilleure, le trio est entraîné dans une spirale infernale qui les enfonce toujours un peu plus dans l'angoisse et le désespoir. La mère d'Harry, Sara, souffre d'une autre forme d'addiction, la télévision. Juive, fantasque et veuve depuis des années, elle vit seule à Coney Island et nourrit le secret espoir de participer un jour à son émission préférée. Afin de satisfaire aux canons esthétiques de la télévision, elle s'astreint à un régime draconien. Un jour, elle le sait, elle passera de l'autre côté de l'écran.

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Il y a des films, qui au fil des visionnages, ne perdent jamais de leur force émotionnelle. Requiem for a Dream fait parti de ceux-là. Présenté à Cannes en 2000, le film avait provoqué un véritable électrochoc sur la plupart des spectateurs. C’est encore vrai aujourd’hui. Requiem for a Dream est un film dur, très dur. Un récit tragique, limite pathétique mais aussi profondément beau. Une expérience unique de cinéma, d'une puissance gigantesque.

Le thème central du film n’est pas d’une grande originalité. L’addiction est un thème presque universel aujourd’hui. Mais jamais un film ne l’avait traité d’une manière aussi poignante et dérangeante. Le génial Darren Aronofsky ne cherche aucunement à nous faire la morale. Il nous épargne la tirade comme quoi la drogue c’est mal. On s’intéresse davantage à tout le cheminement de l’addiction, les effets dévastateurs et la chute inévitable. Il n’y a finalement aucun retournement de situation, aucun rebondissement improbable. On sait que l’histoire finira mal. C’est inévitable. Et attendue, la chute est encore plus terrible.

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Le film fait référence à toute sorte d’addiction en réalité. La drogue bien évidemment, mais également la télévision, les médicaments ou le sexe. On suit le parcours chaotique de quatre personnages. Leur destin est similaire, même s’ils ne se connaissent pas tous forcément. Le récit se découpe en trois parties, au fil des quatres saisons, très efficace, à défaut d’être original. La première partie présente les personnages, et leurs objectifs. Cette partie est la seule à bénéficier d’un peu d’humour. Noir la plupart du temps. La suite ne laisse plus la place au moindre sourire. La 2nde partie voit les héros tout perdre les laissant dans une dernière demi-heure dont on ne ressort pas indemne. Direction l'enfer.

Le casting est à saluer et est impressionnant. Marlon Wayans est à des années lumières de Scary Movie. Un rôle plus sobre et émouvant. Son personnage est néanmoins le moins approfondi. Jennifer Connelly est fidèle à elle-même. Une interprétation bouleversante de sincérité. Mais ce sont Jared Leto et surtout Ellen Burstyn qui tirent leur épingle du jeu. Jared Leto décroche l’un de ses plus beaux rôles. Harry est déconnecté de la vie. Il s’accroche à ses espoirs de mener une petite vie heureuse avec Marianne. Cet espoir, magnifiquement symbolisé par ce splendide rêve du pont, nous touche en plein coeur. L’acteur offre une performance formidable mais surtout incroyablement émouvante, démontrant qu’il est tellement plus qu’une belle gueule pour adolescentes. Ellen Burstyn, elle, est exceptionnelle. Et le mot est faible. Intense, émouvante, bouleversante et bien plus encore. Ses récompenses, elle ne les a pas volés.

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Requiem for a Dream ne serai sans doute pas grand chose sans sa mise en scène brutale, sans concessions. Aronofsky propose une réalisation incisive pour nous faire entrer dans un monde de drogues et de violence. Les scènes de shoot sont très dérangeantes, sans forcément aller loin dans le voyeurisme. On ne voit pas réellement les personnages prendre de la drogue. Mais tout est dans cette réalisation découpée, très rapide, qui ne tient pas en place et les bruits stridents de respiration. Intense et novateur. Difficile également de ne pas citer la musique incroyable de Clint Mansell qui est encore plus célèbre que le film lui-même. Elle colle tellement au film, que le thème est pour moi indissociable des images qui nous sont montrés à l’écran. 

Aussi brillant soit-il, Requiem for a Dream est une expérience de cinéma douloureuse, une œuvre très dure et vraiment déprimante. On ressort du film vidé de toute émotion. A l’image des personnages qui ont traversés l’enfer. La dernière partie du film est tellement intense, tellement déchirante. Comme par exemple cette scène de téléphone entre Harry et Marianne. Elle symbolise la conclusion amère de leur histoire. Ils voulaient une petite vie simple, mais heureuse. Mais ils ont tout perdu. Le happy end n’est pas de circonstance. Au contraire, Requiem for a Dream est une œuvre au pessimisme incroyable. 

Le personnage de vieille folle de Burstyn est peut-être le plus touchant dans tout ce chaos. Son rêve de passer à la télévision, de remettre sa fameuse robe rouge et de revivre sa jeunesse, l’ont poussés à se shooter d’amphétamines pour maigrir. Désillusions. La chute du personnage est progressive et logique. On sait qu’elle va sombre et rien ni personne ne pourra l’en empêcher. Symbole de la perte, cet ultime rêve où elle s’imagine passer à la télévision en compagnie de son fils modèle. Tout se termine bien, mais seulement dans sa tête. Douce illusion mélancolique et une conclusion infiniment poignante. Terriblement beau et tragique.

Requiem for a Dream ne peut laisser personne indifférent. On aime ou on déteste. Un film d’une puissance émotionnelle rarement atteinte. Une descente aux enfers menée d’une main de maître par Aronofsky, dont c’est le meilleur film. Sordide, choquant, époustouflant, Requiem for a Dream est une expérience de cinéma à vivre absolument, aussi dérangeante soit-elle. On en ressort KO d'admiration comme d'émotions, et peut-être finalement plus vivant que jamais.

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